Sunday, July 16, 2006

FILM MUET


Gerhard Gruber est compositeur et pianiste autrichien. Il accompagne les films muets depuis 1988 et compte parmi les plus grands dans ce métier. Il a accompagné environ 380 films muets de différents genres. Depuis 1983 il est engagé au théâtre comme musicien et compositeur.

C’est l’improvisation qu’il apprécie le plus comme étant son accès spécial au film muet et qu’il considère être le moyen le plus approprié pour un dialogue direct et toujours nouveau entre les évènements sur l’écran, la musique et le public. Chaque représentation est unique en son genre. Gerhard Gruber aime être séduit par les films et transmettre ces sentiments à son public.

Citation: „Le sentiment que l’on éprouve au beau milieu d’un événement de film, d’en faire partie, est incroyable et cela n’a pas changé jusqu’à aujourd’hui. En même temps c’est un garant pour la vivacité des soirées du film muet. Ce n’est jamais le film seul, c’est toujours la triade film – musique – public. C’est la raison pour la quelle chaque soirée est une aventure unique. »

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Sur la musique de film muet de Gerhard Gruber:

(De Alexander Horwath, directeur du Musée autrichien du film, Vienne)

Qu’est-ce que c’est la musique de film muet ? Et pourquoi devrait-on aujourd’hui en composer, 70 ans après la dernière représentation de film muet authentique et quotidienne ? Il y a de nombreuses réponses à cette question dans la vie culturelle contemporaine, de l’orchestre de symphonie (donc culture développée) en passant par la facétieuse musique de contraste (donc culture de l’ironie) jusqu’au score électronique (donc l’interprétation contemporaine). En vérité ces réponses n’ont pas beaucoup de liens avec le médium qu’elles cherchent à reconstruire, qu’elles souhaitent à ressusciter. Certes, de nos jours tout peut être combiné mais est-ce que ce « double tout possible » a aussi un sens ?

L’accompagnement musical des films muets a aujourd’hui seulement un sens s’il laisse résonner la franchise et l’indétermination fondamentales qui se retrouvent dans chaque reconstruction raisonnable d’une pratique passée. Et surtout : si la musique n’enterre pas le médium dont il s’agit – le film muet – sous son propre poids (à savoir sa propre importance, son volume ou aussi sa clarté). Au contraire, si on laisse ces fragiles dimensions du film muet s’épanouir, celles qui au cours de l’histoire et des perceptions qui ont évolué, ont été souvent ensevelies. Cette idée idéale ne pourra jamais être réalisé dans chaque genre et dans toutes les œuvres du film muet (dans ce cas il vaut mieux laisser tomber la musique et montrer l’approche la mieux appropriée : le film muet justement sans son). Et là où cela est possible par rapport au film, il faut absolument un véritable partenaire musical du film.

Le compositeur et musicien (improvisateur) autrichien, Gerhard Gruber, est un des très peu représentant de ce métier qui suffit à ce défi, apparemment modeste mais en vérité extrêmement exigeant. Il est le partenaire par excellence. Le fait particulier qu’une partie de la musique d’un film muet soit « morte » (c'est-à-dire vieille et enregistrée sur celluloïd) et l’autre partie « vivante » (donc présente et capable d’agir) exige paradoxalement un musicien qui ne se contente justement pas de ce fait (donc de son propre avantage) mais quelqu’un qui voudrait que la partie « morte » soit aussi vivante que lui-même.

Sa façon d’être modeste est en même temps la grandeur de Gerhard Gruber ; car en tant que musicien créatif et plein d’idées il faut de la grandeur pour se soumettre à un « texte inconnu ». Cela est comparable à la relation entre un grand régisseur (film) et un grand acteur (musicien). Une telle approche va naturellement loin au-delà de la « servilité » : Il ne s’agit pas de faire seulement son travail de routine (comme de nombreux d’autres musiciens de film muet qui garnissent à chaque fois n’importe quel film avec leur pianotage nostalgique et enfantin). Il s’agit de commencer un entretient productif – au-delà des mots. Comme le grand acteur qui de manière subtile, non verbale et très agile, fait continuellement des offres à son régisseur et de cette façon met à nu de plus en plus les couches du concept de régie. C’est ainsi que l’on peut décrire l’approche de Gerhard Gruber à chaque film – n’importe s’il s’agit d’une comédie slapstick, d’une épopée historique, d’un mélodrame, d’un petit théâtre psychologique ou d’un film d’aventure.

L’arrière-plan biographique de Gerhard Gruber en tant que musicien de jazz et en même temps improvisateur dans un jeu commun, est d’importance primordiale concernant ces différentes qualités. Il exige une riche gamme et en même temps la capacité de réagir rapidement et de manière non triviale pour aborder un film à multiples facettes de façon tout aussi multiple. La conception que Gruber a de la musique de film muet n’est pas une revalorisation du film ni rendre supportable un artefact démodé, non plus une coquetterie ni une simplification de l’œuvre existante. Elle est constamment une proposition de partenaires ; dans un partenariat qui ne sera jamais ennuyant. Une « relation ouverte » y compris une confiance profonde.

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L’acteur autrichien Herbert Fux sur Gerhard Gruber:

„Je suis à chaque fois surpris de la façon sensible dont il accompagne les films muets sur son piano. L’évidence avec laquelle il trouve les mouvements de crescendo et de décrescendo adéquats pour les émotions alternantes sur l’écran – film muet et l’accompagnement une expérience unique. »
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"Die Stadt ohne Juden"/(piano: Gerhard Gruber/ violin: Adula Ibn Quadr/ percussion: Peter Rosmanith) courtes parties du film